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Sébastien en Chine 劉子劍在中國
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8 janvier 2010

Les Villages Verticaux

 

En Chine, il existe des villages verticaux, entoures de murs hauts et gris avec une porte unique pour entrer et sortir. Petits, grands, neufs ou anciens, ils s'elevent dans les villes au milieu des flux de voitures, de personnes, d'oiseaux et du vent qui souffle tres fort au printemps. Les villages verticaux font une symphonie de toles et de verres quand la pluie degoutte sur leur facades. Avec leurs helices blanches qui soufflent l'hiver dans la froideur nuit et l'ete dans la chaleur du jour, on croiraient qu'ils vont se transformer en vaisseaux spatiaux et s'envoler de leur base de briques rouges.

Chaque village vertical a son gardien, habitant de la porte a l'entree du village. Il surveille les allees et venues, ouvre et ferme la porte du village le soir et le matin. Un peu comme a l'ancien temps lorsqu'on fermait les portes de la ville au son du tambour et les reouvrait au son de la cloche le matin. Pour sortir du village hors des heures, il faut lui demander la clef, qu'il vous donne avec ce regard suspicieux comme si elle etait un tresor precieux auquel il tient plus qu'a autre chose au monde.

La place du village, ensoleillee, est le coin des grands meres ennuyees qui nous regardent les jambes quand on passe devant elles. Sous la tonnelle de la place du village elles radotent, devident leur sagesse, comme les araignees tissent leur toile. Et avec ce regard satisfait et enchante, elles regardent les petits glaudigamber sur l'allee craquelee du village, bordee des jardins de bric des rez-de-chaussee.

Mon village est construit sur le bord de la vallee, sur le long de la route qui serpente jusqu'a la montagne Huan. A notre porte il y a un vieux pauvre qui ramasse les dechets. Il a son tricycle gare a l'entree, il est assis sur sa petite chaise pliante, mais pas avec les grands-meres. Elle ne veulent pas de lui. Lui c'est l'homme de l'exterieur, une porte les separe. Parfois, quand le soleil tourne au froid, le gardien le laisse s'installer au soleil de la place du village. Sinon il s'assied tout seul au pied du poteau sur le bord du ravin pour gouter un rayon de soleil. Parfois quand celui-ci devient trop chaud, il trouve refuge au pied de la porte dans le coin frais et ombrageux ou je le vois quand je rentre. On dirait qu'il nous attend. Il a pas grand chose sauf la peau brunie par le soleil et la salete. 

Il regarde tous les jours le flot des gens qui passent, les passants, au matin les eleves endormies et leurs parents tendus qui vont au travail, le midi les eleves qui rentrent au village, puis le soir quand le ciel s'embrase, les enfants qui crient et les parents qui soufflent.

Je ne vis pas au meme rythme qu'eux, ma vie n'a pas encore de cadre, mais je sais que pour eux l'horloge est devenu le rythme de leur vie sans s'en rendre compte, comme on prend des habitudes sans en etre conscient. Dans ma maison, avec mon jardin clos, je vis comme je le sens, et j'entends les autres villageois monter et descendre, rentrer et sortir... J'ai appele mon appartement "Le cabinet de celui qui ecoute la pluie"

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