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Sébastien en Chine 劉子劍在中國
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7 avril 2009

Vers les Trois Gorges

Au debut du Printemps, le matin a Wuhan il fait frais et le ciel est d’un bleu presque vert. Pour le voyage dans les Trois Gorges, je me suis reveille au point du jour et j’ai pu profiter de l’air pur du matin pour me preparer au voyage. 

 

Avec mon sac a dos achete a Shanghai et ma valise j’ai pris le bus pendant une demi-heure pour descendre au port et rejoindre la guide qui m’accompagne jusqu’au point de depart du bus. Pour la premiere fois de ma vie, je me suis fait coller une etiquette de touriste… encore heureux j’ai pas eu le droit a la casquette reglementaire pour les visites… Dans le bus tous les gens me regardaient un peu bizarrement. En fait ce bus n’etait pas un bus de voyage mais une liaison normale entre Wuhan et Yichang. Dans le bus il y a avait surtout des paysans et des personnes agees. 

 

A un arret dans la banlieue de la ville, les gens du fond du bus ont commence a grommeler. Mais comme j’etais assis a l’avant du bus et qu’ils parlaient tous en langue du Hubei je ne comprenais rien. A la station de bus une femme a commence a se ruer dans le bus en criant contre le chauffeur pour prendre une place, les gens l’ont sorti de force parce que le bus etait deja rempli et que le gens ne peuvent pas se tenir debout au milieu de l’allee pendant le trajet. 

 

Peu apres que le bus ait redemarre, les gens du fond ont recommence a crier. En ecoutant ce que le gens assis derriere moi disaient, j’ai compris qu’ils etaient en train d’insulter le militaire assis au fond du bus. Il n’avait pas paye de billet et pensait qu’en tant que militaire il pouvait se le permettre. Les Chinois ont un sens aigu de l’egalite meme si elle n’est pas evidente partout… Grace aux plaintes repetees des voyageurs, le militaire honteux a ete foutu dehors. C’est la que je me suis rendu compte que les Chinois n’aiment pas tant leur armee qu’on le croit… Les militaires chinois sont tres mal vus dans les campagnes et finalement meme si on en fait une gloire patriotique dans le pays, beaucoup de gens les trouvent sans education et pas tres intelligents. En realite la plupart sont des fils de paysans qui ne sont jamais alle a l’ecole et qui comme en France dans les annees 30 vont a l’armee pour se permettre d’avoir une quelconque experience et un peu d’education. 

 

Nous avons roule quatre heures avec seulement une pause a mi-chemin. Pendant le chemin, j’ai recu un message du chef de l’office de l’universite qui voulait savoir ou j’etais parti et quand j’allais revenir. Quand je lui ai dit que je partais pour les Trois Gorges et que j’allais a Chongqing, Il m’a engueule et ordonne de rentrer. Cela faisait deja deux semaines que je n’etais pas en cours, des fois l’ecole buissoniere est plus fructueuse… Je lui expliquait que meme par la force il ne pouvait rien faire pour m’empecher d’aller la-bas… J’ai aussi pense a envoyer des messages a la maman de Claude et a mes amis pour les prevenir et eviter qu’ils ne s’inquietent trop pour moi. En Chine si tu ne fais ca tu vas t’attirer la colere de tout le monde, en realite ne pas envoyer de messages a la famille ni aux amis pour les rassurer est un peu egoiste. 

 

Au fur et a mesure que nous approchons de Yichang, le plateau du Hunan se transforme peu a peu en montagnes, et l’autoroute commence a tortiller dans les vallees. Apres beaucoup de tunnels et des virages, la ville de Yichang adossee au flanc sud d’une montagne et bordee par le Long Fleuve apparait. Le paysage est absolument grandiose et degage une grande force calme. On commence a reconnaitre les paysages des tableaux Shanshui dont les deux elements emblematiques sont la montagne et l’eau. Ce midi-la il faisait grand soleil et comme le Yangse borde la ville au sud, l’air commencait a etre humide, typique du sud de la Chine. 

A douze heures nous arrivons a Yichang, une jeune guide tres sympathique me propose de poser mes affaires et de m’emmener manger. Je goute a la cuisine de Yichang qui commence a etre un peu plus epicee que la nourriture de Wuhan. Elle est faite dans des pots en terre dans lequel on melange legumes viande et riz, ce qui donne une espece de bouillie qui sent tres bon et qui est tres nourrissante.

 

 

 

La guide m’emmene a l’embarcadere et me propose de rester la me reposer jusqu’a 4 heures pour prendre le bus jusqu’au barrage des Trois Gorges et monter dans le bateau. Je me couche donc sur une banquette dans l’embarcadere vide et frais. Par la grande baie vitree je regarde les grandes peniches et les bateaux passer sur le Long Fleuve. Je me rappelle qu’il y avait beaucoup de mouches qui m’agacaient a tourner juste autour de moi… 

Vers trois heures et quart, trois ouvriers qui viennent aussi se reposer ici tous les apres-midi commencent a parler avec moi. J’ai remarque que pour la plus grande majorite, les ouvriers chinois sont extrement gentils, et surtout, meme s’ils ne sont pas les mieux loges ni les mieux nourris ils restent toujours heureux et sinceres. En Chine, les gens les plus pauvres sont les plus sinceres parce qu’ils n’ont rien a y perdre et beaucoup a y gagner et c’est toujours avec eux que j’ai le plus de plaisir a parler. 

 

A quatre heures moins le quart ma guide revient et attend le bus avec moi. Pendant ce temps, je lui demande comment se passe son travail. Elle m’explique qu’elle n’est jamais alle dans les Trois Gorges. Elle est la pour accueillir les voyageurs etrangers parce qu’elle sait bien parler Anglais, et puis en general, le matin, elle se repose parce que le voyageurs n’arrivent que le midi. Peu apres le bus arrive et nous nous disons au revoir. Le soleil commence devenir moins chaud et moi je commence a avoir les boyaux qui se tendent comme a chaque fois que je vais decouvrir un nouvel endroit en Chine. J’aime beaucoup cette sensation. 

 

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