Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sébastien en Chine 劉子劍在中國
Archives
7 septembre 2010

Dans les Trois Gorges, le premier jour

Le soir de l’embarquement je n’etais toujours pas tranquilise. Aurais-je assez de vivres pour les quatre jours de bateau ? Trouverai-je un train pour rentrer vite a Jinan avant que tout mon argent ne soit dilapide ? Le tremblement de terre aura-t-il eu beaucoup d’importance a Chongqing ? Je me retournais le cerveau avec toutes sortes de question alors que notre bateau blanc quittait le port. De loin, sur l’etendue d’eau orangee par la lumiere du soleil couchant nous avons apercu le haut du barrage des Trois Gorges. Tous les passagers, peu nombreux et presque tous adultes etaient accoudes a la barriere de fer pour admirer le paysage du depart.

 

Le bateau se mouvait tres lentement dans un bruit assourdissant de mecanique lourde. Il retournait sa tete vers l’entree des gorges et la boule rouge de soleil descendant les montagnes. Peut-etre a l’endroit meme ou le poete LiBai ecrivit le fameux “Contemplant la montagne de la porte du Ciel” qui decrit ainsi l’entree des gorges ou la sortie du Sichuan : “La porte du Ciel s’ouvre en son milieu, le fleuve Chu s’elance, le courant de l’eau verte remoue au nord, les montagnes vertes sortent et se font face, petites voiles solitaires le soleil levant vient.” Je restais reveur devant ce panorama majestueux, mele de mysteres, et pour la premiere fois reelment j’ai senti l’inconnu se dresser devant moi. Les flancs immenses de la montagne prennent pied sous l’eau et on sent comme une force surpuissante tapie au fond des tenebres aquatiques qui tirent jusque vers le ciel. La montagne a cette endroit semble telle une porte terrible. Et je me rappellais les mots de Fabienne Verdier racontant ses voyages sur le fleuve alors que le barrage n’existait pas encore. Ou il y a avait des rapides infranchissables a certaines epoques de l’annee, une vallee sauvage de plusieurs kilometres profonde. J’allais accomplir pendant ces quatre jours un voyage plus que touristique.

 

Le premier soir fut celui de la decouverte primitive, sur le vif. J’empruntais les quelques rayons de soleil qui restaient pour admirer le paysage coulant sur la rive. L’eau etait marron fonce, couleur de fonte des neiges, le long fleuve prend source dans l’Himalaya. Cette couleur prononcee etait peut-etre aussi resultat des glissements de terrain causes par le tremblement de terre et les inondations. La voie navigable tres large permet a trois bateaux de se croiser en meme temps. Et alors que la penombre commencait a recouvrir la vallee nous croisions d’autres bateaux de croisiere tout illumines descendant vers Yichang et des cargos pleins de marchandises remontant vers Chongqing et Chengdu. Notre bateau alluma ses feux et etant loge sur le pont le plus bas je pus rester sur la coursive en face de notre dortoir a regarder l’eau defiler sous le bateau.

 

Notre dortoir etait situe vers l’avant du bateau, juste avant celui du personnel. Premier pont : six personnes par dortoir et une toilette par dortoir. Douches communes au milieu du pont inferieur. Je profite du lavabo pour nettoyer deux trois calecons et les etendre sur notre petit hublot grace a mon etend de linge de voyage en bambou, mais etant donne l’humidite ambiante, il ne secheront pas du voyage…

 

Nous sommes cinq dans notre dortoir, le lit restant sert a poser nos valises. Les colocataires sont tous des adultes fonctionnaires du Gansu en voyage pour les vacances. Parmi eux Zhang XiaoMing un homme de quarante ans avec qui je passais beaucoup de temps. Les autres etaient deux femmes et un homme. J’etais bien entendu le seul etranger sur le bateau et comme je n’avais pas beaucoup d’argent ni trop l’envie, je n’ai pas achete le badge permettant d’acceder a la terrasse du bateau pour admirer le paysage. Peu importe, mon but n’etait pas d’etre avec des gens tout le long du voyage non plus. Je voyage a ma maniere. Un jour Zhangxiaoming m’a invite a monter avec eux sur la terrasse alors je l’ai suivi pour lui faire plaisir. Le soir j’ai voulu y remonter tout seul pour regarder un peu la Lune. Mais le petit steward age de meme pas quinze ans m’avait repere et bien sournoisement a refuse de me laisser entrer devant tout le service qui m’avait dans l’oeil parce que je ne consommais rien sur leur radeau. Il ne m’a rien dit qu’un seul “NO” ca m’a vexe… Les Chinois ont parfois l’art de vexer les gens avec peu de choses… Ce doit etre occidental d’expliquer en long en large et en travers un refus finalement…

Publicité
Commentaires
Sébastien en Chine 劉子劍在中國
Publicité
Sébastien en Chine 劉子劍在中國
Newsletter
8 abonnés
Publicité