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Sébastien en Chine 劉子劍在中國
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23 mai 2014

Détente à Chengdu

 SÉBASTIEN ROUSSILLAT 

J’ai passé cinq jours à Chengdu le mois dernier. J’en ai profité pour visiter cette ville décrite par mes amis chinois comme la ville « détente » de la Chine mais aussi comme la ville au plus fort développement de l’ouest chinois grâce à la politique de l’exploitation de l’Ouest lancée en 2000.

Vers l’Ouest de la Chine, le Sichuan

C’est par le train que je suis arrivé à Chengdu depuis Beijing, 21 heures de trajet dans un train couchette dernier cri, servi par des hôtesses au doux accent sichuanais. Le Sichuan, c’est le pays du piment, du panda, c’était la base arrière d’Alexandra David Néel avant ses excursions au Tibet, c’est aussi le pays des « belles plantes » d’après les botanistes et certains amis amateurs de jolies filles.

Je fus surpris lorsque je me réveillais le matin, de découvrir que le paysage le long de la voie ferrée était devenu verdoyant, qu’il y avait des bambous partout, des champs de colza en fleur à perte de vue sur les collines, et même des pruniers en fleurs ! Quel contraste avec la rudesse et la sécheresse des paysages du nord de la Chine en hiver ! L’eau semble omniprésente dans le bassin du Sichuan qui signifie d’ailleurs « région des quatre fleuves ». Le train passe par une quantité incalculable de ponts et de tunnels après son entrée dans le Sichuan. Et plusieurs fois, je rêvais en regardant les petits villages de maisons aux toits aux tuiles grises et aux murs blancs sur les côteaux...

Mais on peut évidemment aussi arriver à Chengdu par avion en survolant les montagnes qui encerclent le bassin du Sichuan dont Chengdu est la capitale. Deux trois heures depuis les plus grandes villes chinoises et les vols internationaux sont nombreux, une trentaine d’après l’office du tourisme. Chengdu offre même une facilité d’entrée pour 72 heures sans visa pour les étrangers. Le temps de faire le tour de la ville et des environs sans être trop tendu dans son emploi du temps. Chengdu se veut une ville culturelle et touristique, les endroits à visiter possèdent tous des panneaux d’information en quatre langues : chinois, anglais, coréen et japonais pour faciliter les touristes. Des audio-guides et des guides-interprètes sont disponibles pour les visites également. Les transports en commun (taxi, bus et métro) rendent les déplacements très rapides et faciles. De plus, Chengdu est une ville chinoise pas trop embouteillée.

Aperçu de la ville

Mon premier arrêt à Chengdu fut la place du Peuple, version miniature de la place Tian’anmen de Beijing et sa statue de Mao qui se tient le regard tourné vers le midi, devant une petite réplique du grand palais du Peuple. Les rues de Chengdu ont gardé leur empreinte historique : la grande artère nord-sud de la ville s’appelant « la rue du Peuple » et le parc central « le parc du Peuple ». Mais tout de suite après, je passais avec le taxi près du nouveau centre d’affaires de Chengdu, rue Zhongfu et me rendait compte de l’aspect « champignonesque » de cette ville où les grues quadrillent le ciel. De hauts buildings émergent un peu partout dans le centre-ville. La ville de Chengdu est la ville au développement le plus rapide du monde et l’extension sud de la ville est comme une nouvelle ville dans la ville. On y trouve d’ailleurs le bâtiment à la superficie la plus importante du monde : le global-center et une réplique de La Défense, rien que ça !

Une fois le tour en voiture de la place, nous passâmes près d’un canal qui encercle la vieille ville. Sur la carte, Chengdu ressemble un peu à une carapace de tortue à cause de ces rues qui semblent s’organiser en cercle autour de la place principale entre trois périphériques. Le canal est bordé d’arbres où les gens de Chengdu se rassemblent pour jouer au Mahjong ou se promener à l’ombre au frais au bord de la rivière. La ville semble être construite dans un parc public tant la végétation y est luxuriante. Les plantes, monstera, heptaplorum, bananiers que je possède (en pot) dans la véranda de mon appartement à Pékin poussent ici directement à l’extérieur, dans les platebandes le long des rues et font le triple des miennes...

Un peu d’histoire et beaucoup de détente

Après être descendu à l’hôtel, je reprends un taxi, pas cher à Chengdu en comparaison avec la capitale, pour me rendre à Jinli. Jinli est un quartier ancien à côté du temple de Zhuge Liang, en chinois Wuhouci. Les rues de Jinli sont une reconstitution de la ville de Chengdu à l’époque des Trois Royaumes (220 – 280). Dans Jinli on trouve des restaurants, des souvenirs mais aussi plusieurs maisons de thé au bord des petits étangs et ruisseaux qui traversent le quartier. Ce qui m’a le plus impressioné est le nombre de personnes à se prélasser dans les maisons de thé à l’ombre des parasols en semaine, comme si personne ne travaillait vraiment à Chengdu... J’avais entendu dire par des amis chinois que Chengdu était la ville la plus agréable à vivre en Chine, celle où les gens sont le moins stressés et savent le mieux prendre le temps de se reposer. Cela s’est vérifié très rapidement. Le midi, les restaurants étaient tous pleins à craquer, certaines tables réunissant jusqu’à une dizaine de convives zinzinulant en sichuanais. Le matin, à l’heure de mes sorties, les rues étaient vides. Étant situé à l’ouest de la Chine, l’absence de fuseau horaire autre que celui de Pékin fait que la vie nocturne de Chengdu est très développée. Le soleil ne s’y couche que vers neuf heures et demie alors qu’il se couche généralement à six heures trente à Beijing.

Situé à côté du quartier de Jinli, le temple de Zhuge Liang est consacré aux personnages historiques du pays de Shu, un des trois pays de l’époque des Trois Royaumes. C’est donc un lieu “sacré” constitué d’une suite de salles et de cours intérieures dans lesquelles poussent de très beaux arbres et on peut admirer de très anciennes stèles.

Patrimoine riche et ouvert

La rue en face de Jinli qui constitue le quartier tibétain de Chengdu est à visiter absolument ! On peut y rencontrer des Tibétains venus pour s’approvisionner en tissus dans les magasins de la ville ou pour acheter des objets religieux. Chengdu est considéré comme une des portes du Tibet. En effet, le Sichuan comprend plusieurs régions tibétaines autonomes, les Tibétains de ces régions se rendent régulièrement à Chengdu pour y faire des achats. C’est là que l’on se rend compte du mélange culturel existant au Sichuan, province qui fait le nœud entre les quatre points cardinaux de la Chine.

Pour les amateurs de culture et d’histoire, Chengdu recèle encore beaucoup d’autres secrets tels que le barrage de Dujiang classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, toujours en marche après plus de 2 000 ans d’existence, mais aussi la montagne Le et le mont Emei qui cachent en leurs flancs des sculptures de bouddhas monumentales. Le site de Jinsha, découvert récemment est la preuve d’une présence humaine à Chengdu il y a plus de 3 000 ans. Les masques divinatoires en cuivre découverts sur le site archéologiques nous font part de la culture plusieurs millénaires du Sichuan, baignée de mysticisme et de chamanisme ayant inspiré la culture daoïste dont le berceau se trouve également dans la région. 

La bohème chinoise

Chengdu, dont le nom n’a pas changé depuis 2 000 ans est également une ville qui était très fréquentée par les poètes des dynasties des Tang et des Song. Ainsi, les poètes chinois Libai, Dufu, Li Shangyin et Su Shi ont passé plusieurs années de leur vie à Chengdu. On trouve dans leurs poèmes plusieurs références à la ville. Si vous voulez faire l’expérience de la « bohème » chinoise de l’époque des Tang, vous pouvez aller vous promener dans le parc de la chaumière de Dufu. Vous pourrez alors vous prendre pour un poète Tang et réciter des poèmes inspiré par l’alcool de riz du Sichuan, reconnu comme parmi l’un des meilleurs du pays.

Le soir en rentrant à l’hôtel, j’avais la chance de passer dans le campus centenaire de l’université du Sichuan. Celui-ci est également à visiter pour tout amateur d’architecture chinoise ou de botanique. En effet, les bâtiments construits dans le style début du siècle mélangé à l’architecture traditionnelle chinoise, le tout agrémenté d’un parc paysager rempli de bambous, pruniers, bananiers, et autres plantes exotiques est très agréable. Si vous êtes fatigué après une journée de marche, vous pouvez même vous faire balader dans un pousse-pousse à travers les allées ombragés pour la modique somme de 20 yuans.

Ville des pandas

Il ne faudrait pas que j’oublie de présenter la mascotte de Chengdu, car cette ville est aussi la patrie des pandas. Rien que sur le territoire de la ville, on trouve deux réserves de pandas géants. Espèce découverte dans le coin par le Père André, missionnaire français du début du siècle. Pour les amateurs de « grosses peluches », il est possible de se rendre dans le centre de conservation des pandas à l’intérieur de la ville pour voir des pandas « stars » qui accueillent généralement les chefs d’État en visite dans le Sichuan, mais aussi dans les montagnes environnantes, dans une réserve sauvage où ces charmantes bestioles peuvent se gaver de bambous à s’en faire péter la panse !

Après deux jours bien fournis, passés dans la ville, j’ai décidé de m’évader un peu à l’extérieur de la ville comme le font beaucoup de citadins pendant le week-end d’après mes amis résidents à Chengdu. Je suis donc parti pour le village de Pingle à une heure trente de route. C’est là que j’ai pu faire de la via-ferrata au cœur d’une forêt de bambous et profiter du calme et de la beauté du paysage de la vieille ville, au bord du fleuve, près d’un vieux pont, dans un restaurant sichuanais, sur une chaise en rotin et me dire que la vie à Chengdu c’est vraiment « pandastique » !

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