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Sébastien en Chine 劉子劍在中國
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7 avril 2009

La terre ou le béton ?

Lorsque je venais d'arriver en Chine, à Jinan, près de l'université, il y avait une rue marchande dans laquelle on trouvait de tout, il y avait plein de salons de coiffure, des restaurants, des magasins de copies de chaussures, des vendeurs de sandwichs à la chinoise, des quincailleries, le marché ou j'allais acheter mes légumes... On y trouvait aussi le restaurant coréen ou mon ami coréen Kim Yonnam habitait.

Mais avant les vacances de la Fête du Printemps, les gens de Jinan ont appris que la rue allait faire l'objet d'un projet d'élargissement et donc les petits magasins construits illégalement allaient être détruits. Lorsque je suis parti pour les vacances, sur les murs des bâtiments, les démolisseurs avaient déjà peint en gros et en rouge le caractère 拆 (chai) : à détruire ! Lorsque je suis revenu, les vendeurs avaient vidé les boutiques, fermé les rideaux en fer, la rue se vidait petit à petit.

Puis à mon retour de Pékin fin février, les travaux allaient commencer. Du jour au lendemain, on a vu des pelleteuses, des tractopelles, des pioches et beaucoup d'ouvriers se mettre à la tâche pour détruire les bâtiments faits en brique. En une matinée, presque toute la rue qui fait 800 mètres a été abattue.
Une fois, après les cours, j'y ai fait un tour pour voir comment avançaient les travaux. On aurait dit un champ de ruines après la guerre. Il y avait des gravats partout. Deux montagnes de béton de chaque cote de la chaussée.

Sur les tas de gravats, les ouvriers pauvres et sales s'acharnaient sur les débris pour les mettre en petites pièces. Toute la journée,  on pouvait voir des files de moto à trois roues conduites par des paysans, des ouvriers venus récupérer les bouts de ferraille extraits des gravats pour les revendre, défilé.

Un autre jour, je suis retourné faire un tour dans la rue pour voir l'évolution des travaux, et là j'ai eu peur, il y avait une tête par terre, un cadavre, quelqu'un s'est fait tué pendant la démolition ! Mais non, c'était juste une tête de mannequin d'un ancien magasin d'habits... J'ai retrouvé le corps un peu plus loin.

Tous les soirs, vers 21 heures, le ballet des camions transportant de la terre commence. Et ce jusqu'à 6 heures le matin. Comme il y a deux ans à Pékin, j'ai découvert ou dorment les ouvriers qui travaillent 24h24 en se relayant. Ils habitent dans les quelques bâtiments qui n'ont pas été complément détruits sur le bord de la rue. Il ne reste plus que trois murs, la façade est remplacée par une bâche en plastique multicolore. A l'intérieur, ils sont quatre ou cinq à dormir sur des lits superposes, faire la cuisine sur un petit réchaud au charbon, à jouer aux cartes en buvant de l'alcool de riz en parlant très fort. Ils sont habitués au froid et au bruit.

Il y quelques années, à Pékin, à deux heures du matin, j'avais vu des ouvriers dormir sur un tas de gravillons avec leur veste miteuse pour seule couverture. Les ouvriers Chinois ne s'arrêtent pas de travailler parce que si tu ne travailles pas, tu ne gagnes pas d'argent.
La plupart de ces ouvriers sont en réalité des paysans qui me gagnant pas assez en travaillant la terre se mettent à travailler le béton.

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