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Sébastien en Chine 劉子劍在中國
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7 avril 2009

Départ pour la Chine


Je suis parti le 6 septembre, le soir par le vol direct CA 934 pour Beijing. Les derniers jours en France ont ete tres remplis et sont vraiment de tres bons souvenirs. J'ai revu beaucoup de mes amis, vecu des moments tres forts, tres beaux. Mais ils ont ete aussi certainement parmi les plus vides interieurement, car une fois tout prepare pour le voyage je n'avais rien d'autre a faire qu'attendre de partir... Plus de projets a faire en France, on ne peut rien commencer... vide presque total.

Puis finalement, le mercredi 6 septembre, nous sommes partis au matin pour Paris. Dans la voiture, avec Papa, nous avons bien parle, mais je n'avais pas l'impression que j'allais partir des le soir meme pour un an... C'est seulement quand j'ai vu l'aeroport, les avions, les pistes que j'ai commence a realiser... J'ai retrouve la meme sensation que l'annee derniere, une sensation bizarre, difficile a decrire. C'est etrange de se dire en etant encore en France que l'on va se mettre dans une boite volante et qu'en se reveillant le matin suivant on sera en train de survoler la Mongolie loin de tout ce qu'on a connu depuis qu'on est tout petit. Et surtout, qu'on sera tout seul sans les parents pour vous aider en cas de probleme une fois arrive de l'autre cote de la Terre.
Dans l'aeroport, l'enregistrement des bagages a ete vite fait. Une fois cela fait, il restait plus de deux heures a attendre, donc j'ai telephone a Maman pour lui dire que j'allais bientot partir. J'ai eu l'impression que je ne partais pas loin et pour pas longtemps... Quand on a eu fini, j'ai donne mon portable a Papa, et puis on s'est dit que le mieux c'etait de se separer tout de suite parce qu'il ne restait plus rien d'autre chose a faire qu'a attendre.

Je regardais l'escalator avec un peu d'angoisse : une fois passe la porte, plus moyen de faire marche arriere... Papa me dit "Tu peux encore rentrer a la maison si tu veux.". " Ah non ! Ca fait un an que j'attends ca, alors j'y vais !"  On s'embrasse vite et je monte dans les salles d'attente par les escalators qui ressembles a des tubes. Je ne regarde pas en arriere au debut, puis arrive vers le milieu de l'escalator, je me retourne quand meme mais je ne vois plus rien, les vitres sont floues... J'arrive en haut de l'escalateur, et la c'est le silence, c'est glauque.

Je commence mes trois jours de solitude... Personne a qui parler que je connaisse, que des etrangers, des gens qui voyagent par deux, en groupe, pas de jeune de mon age. Je suis vraiment tout seul. Je tourne en rond dans les magasins ultra chers de l'aeroport. En desespoir de cause, je vais en salle d'embarquement. Dans la salle il y a peu de monde. A ma gauche, il y a une Francaise et un Chinois qui discutent. Comme je suis un peu stresse, j'entame la conversation avec eux pour penser a autre chose. Mais la discussion ne prend pas et je retourne a mes pensees. Comme mes pensees ne trouvent aucun point d'arret, je me dis que le mieux serait d'arreter de se tordre l'esprit et de profiter de ce que je vis en ce moment. Alors je souris et je regarde les gens autour de moi. Il y a un petit garcon qui joue a cache cache avec tout le monde. Je pense qu'il a de la chance, il ne se torture pas l'esprit, il vit tout simplement.

Bientot, nous embarquons dans un enorme Boeing 747. Je suis place au hublot, dans une rangee de trois sieges avec deux autres Francais. Nous discutons ensemble de ce que nous allons faire respectivement en Chine et ca me detend beaucoup. Ce sont des gens tres interessants, qui ont voyage dans presque tous les pays du Monde. Alors je me dis que si des gens le font, je peux aussi le faire. Puis quelques minutes plus tard, nous decollons. Comme il ne faisait pas beau ce jour la, nos passons a travers les nuages pendant la montee. Puis soudain, c'est comme si nous entrions dans un autre monde, un autre espace. Comme quand dans un morceau de musique on passe d'une partie sombre a une partie claire. Une mer de nuage sous l'avion avec les couleurs du coucher de soleil qui se deposent delicatement sur les flots blancs et cotonneux du ciel. Je me detends dans mon fauteuil et je regarde cette ocean calme et doux berce par le ronflement des moteurs. Mais dans mon esprit, tout n'est pas clair et j'ai du mal a m'imaginer que le lendemain, je serai en Chine.

Passe la nuit, je ne dors pas beaucoup, je regarde la Terre qui dort. Je pense que sous nous, il y a des milliers de gens qui dorment tranquillement chez eux bien au chaud dans leur lit, enroules dans leur couverture... Alors que nous nous sommes plies en ce que nous pouvons pour essayer de trouver le sommeil...

Le lendemain arrive vite et la c'est la galere : decalage horaire... Quelle heure est-il ? Visiblement il est 9 heures... On arrive donc dans 2 heures... Un aller Paris-Rennes en TGV. Sauf que la, les paysages c'est le desert, aride, jaune, sableux, montagneux. On voit des pistes et une ligne de chemin de fer qui traverse des complexes industriels. Puis on commence a voir des paysages un peu plus verdoyants, un peu plus montagneux. On se croirait dans un dessin traditionnel chinois. Les montagnes dont les flancs sont tailles en rizieres en escaliers encadrent d'etroites et profondes vallees. Vu d'avion, les montagnes sont vraiment belles.

Puis on arrive sur Beijing, il y a un nuage de pollution impressionnant. L'air commence a sentir. On se rapproche de plus en plus du sol, puis on ressent une secousse et l'avion commence a bouger dans tous les sens. Apparement les pistes sont assez courtes parce que les freinages sont assez violents... J'ai le sourire aux levres, ca y'est j'y suis, j'ai realise un reve ! Je sors un peu bizarre de l'avion, plus assure que la premiere fois, moins emerveille peut-etre... Meme si mon coeur est content, je suis preoccupe par toutes les formalites que j'ai a faire. Je suis responsable de moi meme ca y est, et c'est pas de tout repos...

La c'est le plus gros stress que j'ai eu de tout le voyage... C'est aussi une des choses les plus betes qui me soient arrivees... Ayant accompli toutes les formalites tres vite, le descend rapidement chercher mes valises. Comme je suis un peu stresse et presse, je ne verifie pas que le vol de Paris indique est bien celui d'Air China... C'est celui d'Air France... Je fonce au caroussel 11 pour chercher mes valises, j'attends une demi-heure... Je vois passer des valises de toutes les sortes mais pas la mienne... Entre la colere, l'angoisse, le desespoir, je sais quoi choisir... Je cherche alors quelqu'un dans la detresse comme moi pour trouver de l'aide. Une femme noire attend aussi sa valise. Je lui demande " Vous ne trouvez pas votre valise vous non plus ?
-non, elle n'est pas la.
-la mienne non plus, vous pensez qu'elles sont toutes arrivees ?
-oui.
-c'est le vol CA 934 ?
-non c'est Air France...
-ah ?!
-...
-Merci !!!
-...?
La, je fonce au guichet des renseignements et on me montre un caroussel ou il n'y a plus que quelques valises, la mienne y est ! J'ai presque envie de la serrer dans mes bras comme un enfant... Comme un rien peut nous rendre heureux... J'ai retrouve mes ailes... Je sors de l'aeroport avec un grand sourire aux levres. Je retrouve la Chine, les odeurs, les bruits, la population, je me sens vraiment comme chez moi. Je prends un taxi et je vais a l'hotel. 

En arrivant dans la rue de l'hotel Huguosi, je cherche le magasin de coiffure de l'annee derniere. Il a change, les coiffeurs aussi. Je suis un peu deroute. Il faut se faire au changement, s'adapter a la Chine. Passer de Servon sur Vilaine, petit village francais de 3000 habitants  a Beijing capitale de la Chine... Donc c'est un peu stressant, mais c'est la necessite. Comme je suis tout seul, personne d'autre que moi meme ne peut m'aider. Voila pourquoi ces premiers jours ont vraiment ete solitaires. J'ai presque tout fait tout seul. Je me sentais vraiment seul, alors j'ai decide d'aller sur Tian an men pour trouver des gens avec qui parler. J'ai effectivement trouve quelqu'un qui venait de Harbin (nord de la Chine), avec qui j'ai discute une bonne heure assis devant le drapeau avec la porte Tian an men en face de nous pendant que le soleil disparaissait dans une atmosphere rougeatre... Puis d'autres gens se sont meles a nous, curieux de voir un etranger parler avec un Chinois. Finalement, un d'entre eux m'a invite au restaurant... Il m'a dit qu'il avait compris que j'avais besoin de compagnie.

Le lendemain matin, je visite la Cite Interdite seul. C'est vraiment mieux qu'en groupe. Ca c'est la solitude qu'on choisit... Celle que j'aime. L'apres-midi je vais marcher dans les petites rues qu'on appelle Hutong pres de l'hotel. Je vais me reposer dans un jardin chinois avec petits pavillons, poissons rouges, lampions... Puis je fais du pousse-pousse dans les ruelles jusqu'au lac Houhai. Je rentre a pied au coucher du soleil, les restaurants commencent a allumer leurs lanternes, les gens a sortir, l'air se rafraichit. Apres avoir mange dans un petit restaurant en face de l'hotel, je m'assois sur les marches de l'entree de l'hotel et je discute avec la vendeuse de cigarettes pendant que deux gosses s'amusent autour de nous en criant "hello"... Je pense a ma soeur et a mon frere. Avant de dormir, je prepare mon voyage du lendemain jusqu'a Jinan. 
Le samedi, je pars de l'hotel vers onze heures apres avoir patiente une heure en allant marcher dans les ruelles. Je patiente encore une heure devant la gare de Pekin, a l'ombre. Vers 13h30, je vais dans la gare attendre dans les immenses salles d'attente. Puis quand on peut rentrer dans le train, c'est la cohue, la Chine quoi... Je monte dans l'equivalent du TGV en beaucoup moins rapide mais mille fois plus confortable et spacieux... Les Chinois ont compris que tout le monde n'a pas des jambes d'un metre...
Je quitte donc la capitale pour Jinan, dans le Shandong, au sud. Je vais retrouver des gens que je connais, une ville qui m'est familliere... Je suis presse d'arriver...

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